Qui est Fatoumata ?

 

L'HISTOIRE DE FATOUMATA

L'histoire de Fatoumata commence en février 2000. Elle est à cette époque en terminale littéraire au lycée Colbert et s'apprête à passer le bac en juin comme tout le monde. Elle avait décidé d'apprendre à ses parents la relation qu'elle avait avec son petit ami français. Mais cet aveu va déclencher la colère de sa famille : de confession musulmane et de culture sénégalaise, la famille ne pouvait accepter que cet ami ne soit ni musulman ni sénégalais ; le père se sent trahi par sa fille et du jour au lendemain, il refuse de lui adresser la parole.

Fatoumata profite donc des vacances scolaires de Pâques en avril pour se rendre au Sénégal et parler de la situation à ses grands-parents, les seuls qui pouvaient encore calmer et adoucir la position de ses parents. Mais le séjour qui ne devait durer que deux semaines va se transformer en véritable cauchemar : le père de Fatoumata débarque à son tour une semaine plus tard à Dakar, à la grande surprise de tout le monde. Très gentil et très affectueux au départ, il réussit à convaincre Fatoumata de lui confier son passeport en prétextant qu'il voulait prolonger son séjour d'une semaine supplémentaire afin de profiter plus longtemps de ses grands-parents qu'elle n'avait pas vus depuis plus de 13 ans. Mais son père ne lui rend pas son passeport : toute la famille se rend en Casamance où vivent les grands-parents de Fatoumata. Fatoumata se retrouve dans son village natal, un village loin de tout, isolé, sans téléphone ni électricité. C'est là que son père lui révèle ses véritables intentions : il est venu la rejoindre pour l'empêcher de revenir en France, pays qui selon lui a détruit sa famille et ses espoirs.

Extrait d'un article du journal 'L'Actu'

Le lycée de Fatoumata s'interroge : pourquoi ne rentre t-elle pas ? Elle avait bien envoyé quelques cartes postales où elle parlait de retard possible, mais l'absence se prolongeait. Et surtout impossibilité totale de joindre Fatoumata par téléphone.
A-t-elle été mariée de force ?
Y reste-t-elle de son propre gré ?
Est-elle malade ?
Le lycée se mobilise : Estelle, Jean-Baka, Geoffray, les amis de Fatoumata, ses professeurs, les conseillers d'éducation et la Proviseure, Mme Petit se mettent à la tête du mouvement de solidarité qui va tant faire parler de lui.

Extrait d'un article de France Soir, du 26/05/2000

A force de volonté et de courage, le lycée trouve un soutien indispensable au ministère de l'éducation nationale : Jack Lang se montre très sensible au cas de Fatoumata et affirme son soutien en faisant suivre le dossier par son conseiller personnel : Bernard Fontaine.

Le lycée et l'éducation mènent donc une action conjointe pour faire revenir Fatoumata dont on n'avait toujours pas de nouvelles depuis déjà deux mois. Mais la chance est du côté de Fatoumata : au mois de ?, l'épouse du président du Sénégal,Viviane Wade effectue un voyage à l'ambassade du Sénégal à Paris. C'était l'occasion ou jamais d'interpeller les autorités sénégalaises, ce que font les lycéens en remettant une pétition signée par 600 élèves du lycée Colbert. Viviane Wade promet de s'occuper de l'affaire et de faciliter le retour de la lycéenne sénégalaise.

 

LE RETOUR DE FATOUMATA

Le 17 juillet 2000, Fatoumata réussit à regagner la France.

Fatoumata et Jack Lang au ministère
le lendemain de son retour du Sénégal

Son petit ami lui avait envoyé de l'argent, tandis que le président sénégalais, Abdoulaye Wade, avait facilité son passage à l'aéroport. Elle avait donc dû s'enfuir de son village du Casamance, la pression médiatique n'ayant pas réussi à assouplir la position du père. C'est une fois sur le sol français que Fatoumata avoue avoir été retenue contre son gré pendant plus de trois mois. Quelques jours avant sa fuite pour la France, elle avait aussi appris qu'on l'avait demandée en mariage et que son père y réfléchissait. Elle avait échappé de peu au mariage forcé. Fatoumata explique aux journalistes qu'elle n'avait pas été maltraitée et qu' elle n'en voulait pas à ses parents.

 

Extrait d'un article de France Soir, du 19/07/2000

Comme beaucoup de jeunes filles séquestrées ou mariées de force, le poids de la culpabilité qui pèsent sur ses épaules l'empêche d'en vouloir à ses propres parents. Elle a passé son baccalauréat en septembre 2000 et l'a obtenu avec succès.

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